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Les textes

T08.4 - Le Toit Delaney vendu à Dessau
T10 - L’omniprésence de certains …
T12 - Et maintenant … le 5ième Toit « Le dernier Toit, point final »
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LE 1er TOIT «SOCODEC-LAVALIN»

Le 19 janvier 1985, la RIO retint ce qu’ils appelèrent la solution RIO-1984, le Toit Socodec, une version du Toit Taillibert modifié. Ce toit provenait du résultat de leurs propres études.

«Le goût du risque de Bernard Lamarre allié à l’expertise de l’ingénieur Normand Morin, qui avait fait partie du comité d’experts recrutés par la SEBJ, constituait un bon équilibre, … … . Lamarre et Morin jugèrent toutefois l’entreprise assez risquée pour penser à créer une filiale - Socodec – dont on confia la présidence à Pierre Dufour, fils de Marcel, vice-président chez Lavalin. C’est donc Socodec qui mit en œuvre la «solution RIO-1984», dérivée de la «solution RIO-1981», texte tiré du livre «UNE CATHÉDRALE INACHEVÉE» de Guy R. Morin, page 189. Ce fut une décision sage puisque cette filiale fit faillite à l’été 1991 et son Toit n’est plus là depuis avril 1998. Le fait que la création de cette filiale se justifiait «parce que Lavalin jugea l’entreprise de construire le Toit assez risquée», démontre bien qu’il travaillait sur un projet dans lequel il ne connaissait pas toutes les subtilités de réalisation. La suite l’a prouvé.

Près de huit ans après les Jeux de Montréal, le Mât faisait l’objet d’études de toutes sortes, comme quelqu’un qui ne sait pas quoi faire. La toiture mobile demeurait un projet lointain et en même temps une honte nationale puisque les millions de pièces de monnaies vendues aux Jeux de 1976 montraient fièrement ce Stade magnifique avec sa toiture mobile. Je n’irai pas jusqu’à dire que ce fut de la fausse représentation, mais le fait ne peut être ignoré.

Les rumeurs se sont rendues jusqu’à moi à l’effet qu’un bon jour, un ingénieur bien connu au dossier depuis plusieurs années, se présenta à la RIO avec la ferme conviction de pouvoir régler une fois pour toutes la finition du Mât et la Toiture mobile. «Confiez-nous ce mandat et nous règlerons ces problèmes».

Des négociations s’en suivirent et un mandat avec une fin de résultat fut confié à Socodec, compagnie filiale de Lavalin.

Le mandat comporta deux facettes distinctes, les Études et les Travaux.

La première facette, les Études

Ce 1er mandat consistait à a) Étudier tous les calculs et les plans existants de l’Architecte ; b) Valider tous ces plans ; c) Vérifier et reprendre si jugé à propos, tous les calculs ; d) Modifier tout ce qu’ils voulaient changer ; e) Arrêter le type de toit si leurs conclusions les amenaient à un Toit approprié, faisable et sécuritaire : f) Définir ce Toit dans ses moindres détails et à quel prix ; et g) S’engager à le réaliser «dans un contrat du type clefs en main». Les honoraires de ce 1er mandat s’élevaient à $716,000.

La proposition.- Socodec recommanda de construire le Toit mobile de l’Architecte Taillibert, avec modifications dont le déplacement de la salle de mécanique du haut du Mât au bas du Mât tout juste au-dessus des piscines, le doublage du diamètre des câbles d'acier et de leur poids parce qu'ils étaient plus longs, l’enlèvement des chambres de tirage au bout des consoles (les moufles disparurent). Le Toit Taillibert pesait 200 tonnes, le Toit Socodec ou «Taillibert version modifié» 400 tonnes, au coût de $117,7 Millions, dans un contrat du type clefs en main, ce qui signifie que tous les extras, imprévus ou tout ce qui sera nécessaire pour compléter la Toiture proposée dans un parfait état de bon fonctionnement, sont inclus dans ce prix.

$117,7 Millions ? Pourtant, les évaluations réalistes déjà faites n’avaient jamais dépassé $50 millions. C’est utopique de parler de coûts normaux dans ce projet sans contrôle et sans budget à respecter. De toute façon, les fumeurs gardaient bien rempli de millions de dollars le gros réservoir de la «Dette éternelle». Pour voir ce qu’était la «Dette éternelle», cliquez ici.

La deuxième facette, les travaux

La signature du contrat.- Le 15 mars 1985, la RIO signa le contrat de terminer le Mât et la toiture mobile à cette filiale de Lavalin «Socodec» pour une somme de $117,7 Millions.

Dès lors débuta le parachèvement du Mât. Les travaux avaient été arrêtés au niveau 385 en décembre 1980, alors qu’il ne restait à construire que 250 pieds (77mètres) pour porter la hauteur totale à celle prévue sur les plans de M. Taillibert. La partie existante était faite de béton et la nouvelle partie à construire d’acier.

Quelques dates à retenir
Le 1er Toit Socodec-Lavalin (1985-1998)

Levée de la Toile de kevlar – Avril 1987
Levée de la Toile de kevlar – Avril 1987
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Le 15 mars 1985, le Contrat est signé. Le 17 novembre 1986, un des moments mémorables fut la levée de la poutre caisson de 380 tonnes chapeautant la niche d’entreposage du toit rétractable. Le 3 février 1987, le Mât se termine. Du 11 au 18 avril 1987, la toile de Kevlar de 18 600 mètres carrés est hissée à sa place. Son installation ne sera achevée qu’après la saison de baseball 1987. Le 21 novembre 1987, l’observatoire et le funiculaire sont inaugurés. Avant Noël 1987, Socodec présente une facture d’extra de $18 Millions au contrat clefs en main. Le 20 avril 1988, le Stade est couvert et 49 000 spectateurs assistent à la partie d’ouverture des Expos. À l’été 1988, Socodec installe «16 monticules» pour soulever la toile qui frottait deux fois par manœuvre d’ouverture sur l’anneau technique, d’où de l’usure prématurée. Mi-janvier 1989, Socodec présente une 2ième facture d’extras de $24,5 Millions au contrat clés en main. Le 23 juin 1989, le Toit est mobile. Levée de la Toile de kevlar – Avril 1987.

Février et avril 1991, Socodec avait reçu $147,42 Millions incluant $29 Millions d’extras des $42,5 Millions demandés. C’était pourtant un contrat clefs en main. Lavalin fit faillite quand même.

Le 17 juin 1991, pensant que tous les dus du stade avaient été payés, l’administration Doré ne tenait absolument pas à recevoir l’héritage prévu par la Loi à l’effet que ces projets retournaient à la Ville de Montréal, une fois toutes les hypothèques payées (ce qu’elle ignorait en 1989). Le 27 juin 1991, la toile déchire en plusieurs endroits sur 120 mètres de long et la RIO n’a plus son entrepreneur responsable pour réparer ses erreurs, ni pour payer la pénalité de $10 Millions prévue au contrat. Le 6 avril 1998, la toile de kevlar est descendue.

Ouverture et fermeture du Toit.- Un ancien ministre du Gouvernement du Québec affirme dans une émission de télévision de la série «Chantiers» que la toile n’a jamais été levée une seule fois. Tout de suite suit le témoignage d’un ingénieur de Lavalin qui dit qu’elle fonctionnait «nous l’avons levée 75 fois». M. Guy R. Morin produit un tableau dans son livre où nous pouvons les compter. Entre 1987 et 1993, 85 manœuvres du Toit mobile furent exécutées !

La toile de kevlar déchire

Ce 27 juin 1991, une bourrasque éventra la toile de kevlar sur 120 mètres de long en plusieurs endroits, une tuile de taille pour la filiale de Lavalin «Socodec». L’Architecte Taillibert apprit l’existence de ces déchirures et il voulut en connaître les raisons. Il délégua à Montréal l’ingénieur français, Jean Roret pour lui faire rapport. M. Taillibert remit ce rapport à la RIO qui demanda à Socodec d’apporter les correctifs qui s’imposaient, notamment de tendre adéquatement la toile en tous ses points.

Les changements de conception et les erreurs de Socodec par rapport au Toit Taillibert

•• Changer la mécanique au-dessus des piscines, en déplaçant la mécanique du haut du Mât en bas du Mât, occasionnant des câbles plus longs, plus gros, plus pesants.

•• Utiliser pour les suspentes des câbles clos, donc plein d’acier, non laminés (faits de fils d’acier), créant sur les consoles des efforts non prévus, les obligeant à poser un anneau de compression ruinant les qualités aérodynamiques de la toiture et doublant le poids total de la Toiture mobile (Toile + mécanique) passant de 200 tonnes à 400 tonnes.

•• Les câbles étant plus gros, la flèche était plus grande. Plus de poids crée des tensions et des détensions, des tractions de post contrainte et des frottements sur la toile.

•• Seulement 12 points du Toit sur 26 étaient tendus.

•• Changer les coutures à la base des cônes de suspension de la toile.

•• Utiliser la couture double alors qu’elle aurait dû être triple à la base des cônes comme prévue.

•• Utiliser des cônes tous pareils au lieu de cônes dissymétriques.

•• Agrandir la niche de remisage et pris l’espace de l’escalier prévu.

•• Créer un lasso pour fermer la toile (bord, bout des consoles). Mal réparé. Mal exécuté.

•• Mauvaise découpe – Dépression (frottage) crée l’usure de la Toile.

À la fin d’août 1991, la RIO octroya à SNC-Lavalin cette fois-ci le contrat de réparer la toile de kevlar de Socodec-Lavalin après la saison de baseball au coût de $1,14 Millions.

Un fait curieux.- Socodec Lavalin déposa son bilan à l’été 1991 (fit faillite) et SNC racheta Lavalin en gardant les bons contrats et non les mauvais. Le Toit Socodec n’était pas dans les bons. La pénalité de $10 Millions disparut et Lavalin avec SNC répara la toile de sa filiale disparue avec notre argent.

En septembre 1991, la toile endommagée de 18 600 mètres carrés fut descendue au sol pour être analysée et pour préparer un contrat lucratif à venir. Un peu comme la dette éternelle, contrat après contrat et vogue la galère vers les $2 milliards gaspillés dans le Parc Olympique.

La RIO donne rapidement son pardon et son argent

Depuis des années, la RIO vivait tous les problèmes de cette toiture mobile qui ne fonctionnait pas ou qui tardait à être vraiment mobile. Malgré toutes ces connaissances qui dictent la prudence de payer trop vite ce qui ne marche pas, tenez-vous bien, en date de ce 27 juin 1991, la RIO avait déjà payé à Socodec le $117,700 Millions du contrat clefs en main, plus $29 Millions d’extras (non payables puisque «clefs en main» signifient sans extras), pour un grand total de $147,42 Millions, sans compter les réparations à payer parce que l’entrepreneur a déclaré faillite.

Ce n’était que le commencement. Voyez la suite, l’absolution …

Le toit Socodec n’est plus bon

J’étais présent à la conférence de presse que la RIO convoqua le 10 avril 1992 pour annoncer que le toit Socodec devait être remplacé à court terme, parce que la toile «était fatiguée» de ses déchirures, selon les dires des Ingénieurs de Socodec. Je rapportai chez moi la pochette de presse que la RIO remit aux journalistes ce jour-là.

Après la lecture des textes remis à la presse, je fus surpris de constater que les explications verbales du début de cette conférence n’étaient pas dans le communiqué. Pourtant, elles avaient une importance capitale et aucun journaliste ne le rapporta dans leurs écrits du lendemain.

Dès l’ouverture de cette conférence de presse, M. Pierre Bibeau, alors président de la RIO, nous aborda comme suit : «Aujourd’hui, nous vous annonçons que la toiture mobile du Stade devra être remplacée par une toiture fixe. Lorsque nous avons demandé à Socodec de construire cette toiture, nous lui avons demandé de faire une impossibilité. Alors, c’est normal qu’il n’ait pas été capable de le faire». Et voilà, l’absolution de la faute était donnée à la RIO par elle-même et à Socodec. Nous sommes en droit de dire «la faute» parce que ce toit avait arrêté dans ses moindres détails par Socodec lui-même.

La toile tient encore 7 ans.- Chez SNC-Lavalin, M. Luc Lainey, docteur en structures et concepteur du toit de kevlar en 1987, déclara dans le Journal de Montréal du 20 janvier 1999 «Que malgré les 17 déchirures du toit de kevlar entre 1987 et 1991, il n’y en a plus eu pendant sept (7) ans une fois les correctifs apportés». Quels étaient ces correctifs ? Les erreurs de conception de Socodec qui modifia le concept Taillibert. Cette toiture mobile, une version Taillibert modifiée, comportait des erreurs.

Les déchirures en été, pas à cause de la neige !- Un autre ingénieur, un M. Gustave Jolicoeur, affirmait dans Le Devoir du 24 janvier 1999 «Que les déchirures avaient eu lieu seulement en été». Pourtant, combien de fois ai-je entendu que s’il y avait déchirures, c’est que l’Architecte Taillibert ne connaissait pas nos hivers canadiens. L’Architecte français avait déjà construit des projets en montagne à Chamonix entre autres où le climat est passablement plus rigoureux qu’ici.

Ce n’est pas sans raison que le journaliste Gilles Blanchard écrivit une série racontant comment fut traité royalement ce contrat par la RIO et quel fut le règlement des extras. Cette série intitulée «Le Stade de la démesure» fut publiée dans La Presse du Samedi 21 Septembre au Mercredi 25 Septembre 1991. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Pourtant, et c’est ce qui choque « les centaines de $ Millions gaspillés » …

… … Nous l’avions notre Toit, mais la RIO l’a fait enlever !

Le Toit Socodec-Lavalin « version Taillibert modifiée – 1985 à 1998 » était bon. C’est vraiment le seul qui a bien fonctionné. Nous l’avons jeté à la poubelle les câbles, la mécanique, la toile, les ancrages pour l’arrimage de la Toile qui étaient installés au bout des consoles lors des Jeux et les mouffles. Ci-dessous, deux photos de certaines de ces pièces détruites par notre « Cher » RIO.

Ancrage pour l’arrimage automatique
Les ancrages pour l'arrimage de la Toile
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Moufle et Ancrage de la toile
Les Mouffles
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Ce Toit aurait dû être réparé plutôt que détruit. Mal renseignés par ses professionnels, Ingénieurs et Experts, la RIO et les politiciens ont ignoré les recommandations et les avis exprimés à plusieurs reprises par l’Architecte Taillibert et par ses Ingénieurs experts Messieurs Louis Billotey et Jean Roret à l’effet de garder ce Toit et de corriger les erreurs conceptuelles de Socodec-Lavalin.

Une tromperie de $88,5 Millions

Les notes et les lettres de l’Ingénieur polytechnicien, Louis Billotey sont claires à ce sujet : « Ce fut l’œuvre d’incompétents dans ce type de structure inédite. À l’automne 1998, M. Billotey concluait dans sa Note sur l’avenir de la toile TOLVAR et du toit mobile du Stade Olympique : « Les récents essais de traction, effectués ces derniers jours par VERSEIDAG sur des échantillons maintenus exposés à l’air libre et aux intempéries, ont confirmé la pérennité des caractéristiques mécaniques de la toile TOLVAR. Pour voir les notes et les lettres de M. Louis Billotey à Messieurs Robert Bourassa, Jean Drapeau, André Tétrault, cliquez ici. Pour conclure, M. Billotey, polytechnicien et élève d’Eugène Freyssinet, conclut que la toile de kevlar avait la même résistance en 1998 que lors de sa fabrication, contredisant tous les avis des Ingénieurs qui affirmaient dès sa déchirure le 27 juin 1991 (il n’y avait pas de neige cette fois-là !) qu’elle était fatiguée et qu’elle n’avait que 2 années à vivre. D’autres avis du genre furent donnés en 1995 par ceux qui sont impliqués aujourd’hui dans l’Appel d’offres du nouveau Toit. Elle resta en place jusqu’à son enlèvement qui débuta le 6 avril 1998.

Nous n’aurions pas jeté à la poubelle les $88,5 Millions des $147,42 Millions payés à Socodec-Lavalin si « Lavalin » notre plus importance firme d’Ingénieurs-conseils au Québec avait eu l’humilité de reconnaître et corriger ses erreurs, au lieu de ne pas trouver les causes des déchirures et ne rien faire. Voir le Journal des débats de l’Assemblée nationale du Québec - Mardi 20 avril 1993.

Claude Phaneuf, B.A., B.Sc.A.
Un des trois pionniers concepteurs du Parc Olympique et du Stade.
Membre de l'OIQ de 1962 à octobre 2006.
Mai 2010. Révisé 10 octobre 2010.




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